Entretien-rencontre avec le galeriste Arnaud Faure Beaulieu qui nous parle de son métier passion, de son engagement au quotidien aux côtés des artistes qu’il représente, notamment en nous présentant son tout nouveau service de conseil et d’accompagnement pour les artistes, mais aussi en partageant avec nous les raisons pour lesquelles il a choisi ce métier passionnant et exigeant.

Chez French Discoveries, nous sommes de grands curieux mais nous n’aimons pas répéter ce qui s’écrit ailleurs. Ne vous attendez pas à lire un article expliquant l’activité de galeriste, d’autres l’ont déjà fait et ce sont des experts. Pour ceux qui ignoreraient encore ce qu’est un galeriste, nous vous renvoyons vers la fiche métier ONISEP (qui est un excellent site pour tous ceux qui cherchent leur voie et veulent en savoir plus sur les métiers).

Nous avons préféré compléter ces informations pédagogiques par une rencontre avec un vrai galeriste, passionné de surcroît par son métier, qui a accepté de nous ouvrir les coulisses de sa galerie et de sa profession.

French Discoveries : Bonjour Arnaud, pouvez-vous vous présenter ? 

Donc je m’appelle Arnaud Faure Beaulieu. Je suis galeriste depuis dix ans et, en novembre 2022, j’ai co-fondé See Galerie, une galerie d’art située 238 rue Saint Martin à Paris dans le 3^e arrondissement, à deux pas du Centre Georges Pompidou. Avec mon associé, nous avons voulu créer un espace de découverte et d’échange autour de l’art et de la création contemporaine. Sur près de 300 m2 réparti sur trois niveaux, nous permettons aux amateurs d’art de découvrir l’univers de certains des meilleurs artistes du moment, des plus jeunes aux plus confirmés.
En 2024, la programmation de la galerie reprendra le jeudi 7 mars pour l’exposition « Espaces activés ».

Pourquoi avez-vous voulu devenir galeriste à l’origine ?

C’est une longue histoire mais, pour faire court, en parallèle de mes études, je me suis passionné pour le XIXe siècle, et plus particulièrement le romantisme et l’impressionnisme. Mais, de fil en aiguille, je me suis intéressé à des mouvements plus récents, aux grandes avant-gardes du XXe siècle. Ma licence de commerce en poche, j’ai su que je souhaitais mettre à profit ces connaissances au service de la création artistique. J’ai donc intégré l’IESA en 2010 (l’école du marché de l’art et des métiers de la culture) et, après mon mastère, j’ai rapidement eu envie de créer ma structure afin de faire partager au plus grand nombre les artistes qui me passionnaient. J’ai donc créé ma première galerie à ce moment-là, il s’agissait de la No Mad Galerie, qui était une galerie itinérante.

Comment définiriez-vous votre parcours et votre activité ?

Le métier de galeriste est un métier intense, qui nécessite d’être sur tous les fronts. Il repose sur le succès des expositions et donc sur l’accueil que le public en fait. Si je me retourne sur ces dix années, en repensant à toutes ces expositions organisées et événements auxquels j’ai participé, que ce soit avec la No Mad Galerie, la Galerie Faure Beaulieu ou aujourd’hui See Galerie, je me dis que j’ai vraiment vécu de belles expériences humaines et professionnelles. Néanmoins, c’est un métier où rien n’est jamais acquis, l’évolution est permanente et la remise en question aussi. C’est donc un parcours d’apprentissage sans fin qui offre de grands moments de joie mais laisse aussi parfois la porte ouverte à des déceptions et des moments de remise en question profonds.

Après deux années très intenses (exposition « Ah ! Les Belles Italiennes » de Daniel Buren au Grand-Duché du Luxembourg en septembre 2022 puis le lancement de la See Galerie à Paris en novembre de la même année) où j’avais dû mettre de côté certaines activités que j’affectionnais particulièrement, j’ai eu, cette année, le plaisir de pouvoir reprendre l’enseignement de plusieurs matières liées au marché de l’art au sein de l’IESA. Il est vrai que la transmission et le partage de mes connaissances me procurent une joie profonde et participent à mon équilibre. En parallèle à cela, j’ai décidé de créer en septembre 2022 un service de conseil et d’accompagnement spécialement dédié aux artistes plasticiens, ce qui me permet de les conseiller avec mon regard de galeriste. On m’a dit récemment que j’étais le premier galeriste à proposer ce type de service…

Depuis 10 ans que vous exercez ce métier, quels sont les meilleurs moments que vous retenez ?

C’est difficile de choisir, depuis 2013, j’ai eu la chance d’organiser plus de quarante expositions monographiques et collectives, de participer à plusieurs grandes foires internationales et de collaborer avec plus de 80 artistes dans les différentes phases de leur carrière.

Mais je pourrais quand même citer la médiation de l’exposition Picasso à Hong Kong en 2012 (PICASSO – Masterpieces from Musée National Picasso, Paris), avec mes amis de l’IESA, une expérience dépaysante, de la soirée d’inauguration de la première exposition de la No Mad Galerie en 2013 où je ne savais pas si le public allait répondre présent (ils le furent heureusement) mais où j’avais la chance d’avoir ma famille et mes amis autour de moi pour m’encourager ! A la soirée que j’avais organisée en 2018 aux Bains à Paris avec mon camarade Gwenaël Billaud pour les cinq ans de la galerie, à ma participation à Art Paris en 2020 où j’avais proposé à mon ami Benjamin Gastaud (BG Arts) de recréer l’univers de son appartement de collectionneur et marchand de pièces en verre de Lalique, au vernissage institutionnel de l’exposition « Ah ! Les belles Italiennes » de Daniel Buren au Luxembourg en 2022 et enfin de l’inauguration de See Galerie, à Paris en novembre 2022. Il y en aurait beaucoup d’autres à citer mais c’est déjà pas mal !

Comment est née See Galerie, votre galerie actuelle ?

Je souhaitais une galerie qui fédère et, en même temps, je sentais que l’attente du public évoluait en ce sens et nous invitait à repenser la galerie pour quelque de chose de plus vivant et de plus chaleureux. En réponse à cela, mon associé et moi avons donc créé cette galerie, espace de découverte et d’échange autour de la création contemporaine, qui intègre, autour d’une programmation ambitieuse, une librairie, un petit coin café bibliothèque à l’étage, et une belle cave voutée en sous-sol, pour un moment d’intimité avec les œuvres

Depuis l’ouverture, nous avons aussi multiplié l’organisation d’événements, comme une soirée de concert (avec Sofar Sounds Paris), des performances (avec Anatoli Vlassov et Natasha Goncharova), ainsi qu’un festival artistique féministe (cycle « On Braque le Canon » organisé par Aïna Rahery en partenariat avec les éditions Anne Carrière), et j’en passe… les retours que nous avons à ce jour étant enthousiastes, nous remettons le couvert pour cette saison 2024 !

Pouvez-vous en dire plus sur votre service de conseil et d’accompagnement ? A qui cela s’adresse-t-il ?

En septembre 2022, j’ai en effet créé ce service de conseil et d’accompagnement spécialement dédié aux artistes plasticiens afin de les renseigner à certains moments clés de leur carrière, ou tout simplement pour leur apporter un éclairage face aux questions qu’ils se posent bien normalement lorsqu’il s’agit de se confronter au marché.

En tant que galeriste d’art contemporain, j’accompagne avant tout les artistes que j’expose, c’est normal, et cela fait partie de la relation de travail que j’entretiens avec eux, notre objectif commun étant, entre autres, la diffusion et la vente de leurs œuvres par le biais des expositions. Mais, dans le cadre de la galerie, je ne peux représenter et travailler qu’avec un nombre limité d’artistes.

Ayant aujourd’hui la possibilité de déléguer un peu de mon travail de galeriste, j’ai donc assez naturellement décidé de consacrer quelques heures chaque semaine à ces créateurs souhaitant être conseillés par un professionnel. Je leur propose donc des séances d’environ une heure trente afin de répondre à leurs questions et tenter de leur donner les clés qui leur permettront d’atteindre leurs objectifs en fonction des situations qui sont les leurs.

Il s’agit surtout d’artistes confirmés qui viennent vers moi pour des questions spécifiques (mise en place de prix, travail sur le discours de l’artiste ou « statement », stratégie de communication, conseils dans leur prospection de galerie, etc.), mais aussi parfois d’artistes plus novices qui souhaitent se lancer, reprendre leur carrière artistique, ou juste faire un point sur le marché afin de faire évoluer leur vision et d’adapter leur approche.

Je suis parfois également contacté par des entreprises, des fondations ou des institutions afin de les conseiller dans la réalisation de leurs projets culturels et artistiques.

Quels points sont généralement abordés lors de ces séances ?

Chaque artiste est unique et par conséquent, chaque rendez-vous s’adapte à sa situation, néanmoins certains points sont fréquemment abordés comme les questions concernant la gestion de leur carrière artistique, les méthodes pour approcher et se faire remarquer par une galerie, la gestion de leur communication, ou tout simplement obtenir le regard d’un professionnel sur leurs outils de communication (le portfolio, le site internet, la présence sur les réseaux sociaux). Certains artistes qui n’ont pas de galerie me demandent des conseils pour l’organisation de leur propre exposition (lorsqu’ils l’organisent eux même), d’autres souhaitent que je les aide à définir le prix de leurs œuvres ou souhaitent avoir mon regard sur leur univers. 

La carrière d’un artiste est souvent une aventure solitaire et un avis honnête et éclairé peut être d’un grand soutien à certains moments. Il m’a semblé, je crois à juste titre, que cet accompagnement pouvait leur apporter de la confiance et une énergie supplémentaire.

Comment se déroulent ces séances ?

Avant la séance, les artistes me contactent et m’exposent les points sur lesquels ils souhaitent travailler ou ceux sur lesquels ils attendent mon éclairage. Ils m’envoient également leur site internet et/ou leur portfolio ainsi que leur Instagram s’ils en ont un. Si j’estime pouvoir leur venir en aide, nous convenons d’un rendez-vous en présentiel de préférence, sinon en visioconférence. A partir de là, je consacre une trentaine de minutes à la préparation de la séance en fonction des éléments qui m’ont été envoyés.

Lorsque nous sommes en séance, je demande tout d’abord aux artistes de me présenter de vive voix leur univers et de m’exposer à nouveau leurs attentes. C’est très important car le passage de l’écrit à l’oral me permet d’identifier certaines choses qui n’étaient pas perceptibles par échange d’e-mail. Suite à cela, je peux leur poser certaines questions, avant de leur répondre et leur faire part de mon expertise.

Concrètement, comment vous contacter pour solliciter un conseil ?

C’est très simple, les artistes sont invités à m’écrire à l’adresse e-mail suivante : arnaud@galeriefaurebeaulieu.com en m’indiquant les points dont je viens de parler.

Si une réponse peut leur être apportée, nous nous mettons d’accord pour une consultation que je propose au tarif de 120 € pour la première séance d’1h30. Si cela est nécessaire ou s’ils m’en font la demande, des séances complémentaires plus courtes de 45 min peuvent ensuite être envisagées au prix de 60 €.

Merci beaucoup de nous avoir reçu. Pour finir, quelles sont les actualités de la galerie ?

Vous me retrouverez ainsi que toute l’équipe de See Galerie à partir du 7 mars 2024 jusqu’au 27 avril au 238, rue Saint-Martin à Paris, pour l’inauguration de l’exposition « Espaces Activés » avec les artistes Marc-Antoine Decavèle, Daniel Lévy, Emilie Marie, Alice Méteigner, Olga Sabko et Jordane Saget ! (Vernissage le 7 mars de 18h à 21h, ouverture de la galerie du mercredi au samedi de 14h à 19h). Merci à vous French Discoveries !

En savoir plus : See Galerie et Galerie Faure Beaulieu pour le conseil et l’accompagnement.