Yann Gozlan a connu un énorme succès avec son précédent film Boîte noire avec Pierre Niney. Pour VISIONS, il donne le premier rôle à l’actrice Diane Kruger, qui endosse le rôle d’une pilote de ligne sujette à des prémonitions inquiétantes qui mettent en péril l’exercice de son métier, la sécurité de ses passagers et de sa propre existence. Le film est intéressant, même s’il reste trop classique à notre goût.

LE SYNOPSIS DU FILM

Estelle, pilote de ligne émérite, est mariée avec Guillaume, un médecin compréhensif et protecteur. Il y a vingt ans elle a vécu une folle passion amoureuse avec Ana, une artiste photographe. Par hasard elle croise cette dernière à l’aéroport. Les deux femmes se retrouvent mais elles n’ont pas changées. Diane est toujours autant sous l’emprise d’Ana qu’avant. Et Ana est toujours aussi imprévisible. Estelle ne sait plus quels sentiments elle éprouve pour Guillaume. D’autant plus que ses nuits sont désormais traversées de cauchemars sanguinolents. Un jour Ana disparait et personne ne croit Estelle qui pressent un grand danger…

UNE VISION DE L’AMOUR

La bande-annonce du film intrigue, tout comme le casting même si on aurait adoré voir le rôle d’Ana interprété par Monica Bellucci, à laquelle l’actrice Marta Nieto qui l’incarne, fait immédiatement penser. Même sensualité, même accent latin qui rend irrésistible l’annonce de mauvaises nouvelles ou la justification de comportements inadaptés. Nous ne spolierons pas mais Ana ne sait pas du tout ce qu’est le consentement et fait de l’art d’une manière malhonnête.

On a l’impression que la seule personne qui aime (ou plutôt désire) vraiment Ana est Estelle, elle-même aimée par Guillaume son mari. De son côté, Ana désire et consomme selon son bon plaisir. On se croirait dans Phèdre où chaque personnage est attiré par le personnage qui lui en préfère un autre.

Le film aurait très bien pût être un drame psychologique basé sur un triangle amoureux sans rajouter ces deux thèmes : le surnaturel et la psychologie.

Certes, il y a des moments forts, palpitants, étranges, qui maintiennent notre attention en éveil. Mais ne dit-on pas que « qui trop embrasse mal étreint ? ».

VISIONS OU DEJA VU ?

Certains articles se sont fait l’écho de l’échec tout relatif du film, en comparaison à BOITE NOIRE. Le film n’en est qu’à ses débuts d’exploitation. Il est inévitable, après un grand succès, d’être attendu au tournant et fréquemment critiqué. Cependant dans VISIONS, il nous semble que le mélange des genres (psychologie et surnaturel) dessert le film. Peut-être parce que ce combo a déjà été maintes fois utilisé au cinéma et que rien de nouveau ne semble émerger.

Il faut donc aller voir VISIONS dans l’état d’esprit dans lequel on va voir voir un thriller ou un film fantastique, en sachant que la fin sera forcément un peu déceptive au regard des émotions extrêmes ressenties pendant le déroulement du film.

Affiche du film Visions de Yann Gozlan
Affiche du film Visions de Yann Gozlan

Le jeu sur les apparences, les victimes qui ne sont peut-être pas victimes, les coupables qui n’en sont peut-être pas : tout cela a déjà été exploité jusqu’à la corde. Alors quand l’intrigue se résout, on ne peut s’empêcher de se dire : tout ça pour ça ? Cependant, ce n’est pas un reproche qui s’applique uniquement à VISIONS. Cela est assez fréquent pour les films à énigmes qui oscillent entre plusieurs genres cinématographiques.

VISIONS est l’exemple même d’un bon scénario qui est en quelque sorte « trop bon ». Tous les ingrédients sont là : de bons acteurs, une histoire, des péripéties non gratuites. Et pourtant le résultat sonne « déjà vu ». A cause de ce que nous avons évoqué : les révélations finales d’un thriller sont toujours ancrées dans la banalité si on les comparent avec les péripéties.

Il faut dire aussi que Yann Gozlan est le réalisateur du magnifique film Un homme idéal où un écrivain usurpait l’identité d’un autre homme. Nous sommes donc déjà familiers de sa mécanique de retournement de situations. En moyenne, il réalise un film tous les deux ans alors nous n’avons pas le temps d’oublier son écriture.

EN CONCLUSION :

VISIONS est un film troublant au suspense haletant. On est à maintes reprises chamboulés et on sursaute sur son siège régulièrement. De plus, le film est parfaitement réalisé. De belles images, les plans de la mer, des méduses, des yeux sont d’un grand esthétisme. Et toujours cette belle façon de filmer les avions, les aéroports, les paysages et les routes du Sud de la France. Il divertira les amateurs de thriller psychologique. Même si certaines situations sont prévisibles, on se prend au jeu d’essayer de démêler les fils de l’intrigue.

Les acteurs sont tous bons. Diane Kruger est parfaite, tout comme Mathieu Kassovitz, dont le jeu en retrait permet de conserver le suspense jusqu’au bout. C’est avec plaisir qu’on voit Amira Casar en galeriste snob et antipathique. Quant à Marta Nieto il nous a semblé que c’était la révélation du film. Son personnage n’est pas évident à interpréter. Elle et Diane Kruger, la brune et la blonde sont en quelque sorte le miroir de notre psyché : ce qu’on irradie et notre part d’ombre.

Dommage que le film ne soit pas resté centré sur la psychologie. Les mystères de l’attraction valent bien ceux du fantastique.

VISIONS de Yann Gozlan, avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto, Amira Casar. 2 heures 03. En salles.

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